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Beckett, Samuel (1906-1989)

Contents


Biographie

Enfance

Samuel Barclay Beckett est né le 13 avril 1906 dans une famille bourgeoise irlandaise protestante : l'événement fut signalé dans la rubrique mondaine du The Irish Times daté du 16 avril. La demeure familiale, Cooldrinagh, située dans une banlieue aisée de Dublin – Foxrock – était une grande maison. La maison, le jardin, la campagne environnante où Samuel grandit, le champ de courses voisin de Leopardstown, la gare de Foxrock sont autant d'éléments qui participent au cadre de nombre de ses romans et pièces de théâtre. Il est le deuxième fils de William Frank Beckett, métreur, et May Barclay Roe, infirmière. Beckett et son frère aîné Franck sont d'abord élèves à la Earlsford House School, dans le centre de Dublin, avant d'entrer à la Portora Royal School d'Enniskillen, dans le comté de Fermanagh – lycée qui avait auparavant été fréquenté par Oscar Wilde. Le 31 mars 2006 une de ses « plaques bleues », dédiée à Beckett, a été dévoilée par le Ulster History Circle à l’École Portora.

Formation

Samuel Beckett étudie ensuite le français, l'italien et l'anglais au Trinity College de Dublin, entre 1923 et 1927. Il suit notamment les cours de A. A. Luce, professeur de philosophie et spécialiste de George Berkeley. Il obtient son Bachelor of Arts et, après avoir enseigné quelque temps au Campbell College de Belfast, est nommé au poste de lecteur d'anglais à l'École normale supérieure de Paris sur les recommandations de son professeur de lettres françaises et mentor Thomas Rudmose-Brown. C'est là qu'il est présenté à James Joyce par le poète Thomas MacGreevy, un de ses plus proches amis, qui y travaillait aussi depuis 1926 mais avait décidé de quitter son poste pour se consacrer entièrement à la littérature. Cette rencontre devait avoir une profonde influence sur Beckett, qui devint garçon de courses puis « secrétaire » de James Joyce qui souffrait des yeux, l'aidant notamment dans ses recherches pendant la rédaction de Finnegans Wake.

Débuts littéraires

C'est en 1929 que Samuel Beckett publie son premier ouvrage, un essai critique intitulé Dante... Bruno. Vico.. Joyce, dans lequel il défend la méthode et l'œuvre de James Joyce dont certains critiquent le style obscur. Les liens étroits entre les deux hommes se relâchèrent cependant lorsque Samuel repoussa les avances de Lucia, la fille de Joyce, dont il s'est rendu compte qu'elle était atteinte de schizophrénie, maladie que refusait de voir son père. C'est aussi au cours de cette période que la première nouvelle de Beckett, Assumption, fut publiée par l'influente revue littéraire parisienne d'Eugène Jolas, Transition. L'année suivante, il est le lauréat d'un petit prix littéraire pour son poème Whoroscope, composé à la hâte en 1929, et inspiré par une biographie de Descartes que Beckett lisait alors.

En 1930, il revient au Trinity College en tant que lecteur et écrit en 1931 un deuxième essai en anglais intitulé Proust. En 1932, pour la revue This Quarter, il traduit un poème d'André Breton, Le Grand Secours meurtrier, paru en France dans le recueil Le Revolver à cheveux blanc et ayant pour thèmes les convulsionnaires de Saint-Médard et Lautréamont. Il se lasse assez vite de la vie universitaire, et exprime ses désillusions d'une manière originale : il mystifie la Modern Language Society de Dublin en y portant un article érudit au sujet d'un auteur toulousain nommé Jean du Chas, fondateur d'un mouvement littéraire appelé « concentrisme » ; ni du Chas ni le « concentrisme » n'ont jamais existé, sinon dans l'imagination de Beckett, mais cela lui permet de se moquer du pédantisme littéraire. Pour marquer ce tournant important de sa vie, inspiré par la lecture des Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, de Goethe, il écrit le poème Gnome, que publie le Dublin Magazine en 1934.

Après plusieurs voyages en Europe, notamment en Allemagne, Samuel Beckett se fixe en janvier 1938 définitivement à Paris, rue des Favorites, dans le {{15e}} arrondissement, peu avant la Seconde Guerre mondiale. Son premier roman, Murphy, fit l'objet de trente-six refus avant d'être finalement publié par les éditions Bordas en 1947.

Suzanne Dechevaux-Dumesnil et Samuel Beckett.

Le 7 janvier 1938, Beckett est poignardé dans la poitrine par un proxénète notoire dont il a refusé les sollicitations. Gravement blessé, il est transporté d'urgence à l'hôpital Broussais. La publicité entourant l'agression attire l'attention de Suzanne Dechevaux-Dumesnil, femme curieuse de théâtre et de littérature qui a rencontré Beckett au cours d'une partie de tennis quelques mois auparavant. Il entame une liaison avec celle qui deviendra son épouse.

Seconde Guerre mondiale et résistance

Le 18 avril 1939, il écrivait : « En cas de guerre, et je crains qu'il y en ait une bientôt, je me tiendrai à la disposition de ce pays » Lors de la déclaration de la guerre, il se trouve en Irlande et regagne précipitamment Paris, qu'il quitte juste avant l'entrée des troupes allemandes pour Vichy puis Arcachon. Il est ensuite recruté au sein du réseau Gloria SMH par son ami, le Normalien Alfred Péron pour rassembler les informations sur les mouvements de troupes allemandes. Quand le réseau est dénoncé, Samuel Beckett, prévenu par la femme de son ami Péron, échappe de peu à la police allemande. Il se réfugie d'abord dans la capitale chez l'écrivain Nathalie Sarraute, puis de 1942 à avril 1945 à Roussillon, dans le midi de la France. Beckett apprend en 1945 qu'Alfred Péron est mort après la libération du camp de Mauthausen. Le 30 mars 1945, il se voit décerner la Croix de Guerre avec étoile d'or. Selon son biographe James Knowlson, l'œuvre de l'écrivain est profondément marquée par les récits de déportation des camarades de Péron et par la guerre.

Succès

Se consacrant entièrement à la littérature depuis les années 1930, Samuel Beckett entre dans une période de créativité intense de 1945 à 1950, période qu'un critique a appelé « le siège dans la chambre ».

Au début des années 1950, Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit, publie la première trilogie beckettienne de romans à clef : Molloy, Malone meurt, L'Innommable.

Les années 1960 représentent une période de profonds changements pour Beckett, dans sa vie personnelle comme dans sa vie d'écrivain. En 1961, au cours d'une cérémonie civile discrète en Angleterre, il épouse sa compagne Suzanne Déchevaux-Dumesnil, principalement pour des raisons liées aux lois successorales françaises. Le triomphe que rencontrent ses œuvres théâtrales l'amène à voyager dans le monde entier pour assister à de nombreuses représentations, mais aussi participer dans une large mesure à leur mise en scène. En 1956, la BBC lui propose de diffuser une pièce radiophonique : ce sera All That Fall (« Tous ceux qui tombent »). Il continue à écrire de temps à autre pour la radio, mais aussi pour le cinéma (Film, avec Buster Keaton) et la télévision. Il recommence à écrire en anglais, sans abandonner pour autant le français qui reste sa langue principale d'écriture.

Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 1969 : il considère cela comme une « catastrophe » ; en fait, il rejette par là une certaine industrie beckettienne, au sens où cette récompense accroît considérablement l'intérêt de la recherche universitaire pour son œuvre. D'autres écrivains s'intéressent à lui, et un flot constant de romanciers et de dramaturges, de critiques littéraires et de professeurs passent par Paris pour le rencontrer. Son désarroi de recevoir le prix Nobel s'explique aussi par son dégoût des mondanités et des devoirs qui y sont liés ; son éditeur Jérôme Lindon ira tout de même chercher le prix. Emil Cioran, ami et admirateur de Beckett, écrira dans ses Cahiers : « Samuel Beckett. Prix Nobel. Quelle humiliation pour un homme si orgueilleux ! La tristesse d'être compris ! ».

Les années 1980 sont marquées par l'écriture de sa seconde trilogie : {{Lien}}, Mal vu mal dit, Cap au pire.

Fin de vie

Suzanne Beckett, son épouse, décède le {{date}}. Samuel Beckett, atteint d'emphysème et de la maladie de Parkinson, part dans une modeste maison de retraite où il meurt le 22 décembre de la même année. Il est enterré le 26 décembre au cimetière du Montparnasse (12{{e}} division), aux côtés de son épouse.

Allée Samuel Beckett à Paris. Tombe de Samuel Beckett au cimetière du Montparnasse, à Paris.

Domiciles

  • Rue des Favorites (Paris).
  • Boulevard Saint-Jacques (Paris), de 1960 à 1989.
LivreDisponible
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