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La communauté scientifique{{,}}{{,}} s’accorde à reconnaitre qu’il existe désormais suffisamment de traces historiques pour définir globalement la vie de Shakespeare. Ces preuves sont constituées de documents officiels mais elles donnent un aperçu limité de la vie du dramaturge. La vie de Shakespeare a nourri de nombreux mythes et légendes. Même si certains chercheurs ont tenté de distinguer dans ses œuvres des reflets de sa vie intime, il est généralement admis que l'on ne connaît du personnage que des détails insignifiants. Cela n'est d'ailleurs pas particulier à Shakespeare, mais se retrouve chez beaucoup de ses contemporains, y compris de très célèbres comme Thomas Kyd ou John Webster.
Une minorité a prétendu que Shakespeare n'avait jamais existé (voir la question de l'identité de Shakespeare). Cependant, en se rendant à Holy Trinity Church dans la ville de Stratford Upon Avon, il est possible de voir sa tombe et de lire une copie du registre paroissial où figurent sa date de baptême et sa date d'enterrement. Une autre minorité prétend que le véritable auteur utilisa un nom d'emprunt pour signer ses livres en se faisant appeler Shakespeare. Exemple de théorie révisionniste, la théorie « baconienne » selon laquelle les textes du célèbre dramaturge auraient été écrits par Lord Bacon of Verulam. Mais il est vrai aussi que Shakespeare n'inventait pas le thème de ses pièces, qu'il empruntait à des ouvrages existant déjà dans le fonds traditionnel comme c'était la coutume à l'époque où l'on ne parlait pas de plagiat mais de tradition. On retrouve la trace de son inspiration dans des légendes ou des textes anciens.
Maison natale de Shakespeare à Stratford-upon-Avon Le théâtre de la Royal Shakespeare Company à Stratford-upon-Avon pal]]. William Shakespeare naît à Stratford-upon-Avon dans le Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre. Son acte de baptême est daté du {{date}} : on baptisait les nourrissons dans les jours qui suivaient leur naissance, et l’on s’accorde à citer le 23 avril{{,}} comme la date de naissance du dramaturge. Il est le troisième enfant de la famille et l'aîné des garçons.
Son père, John Shakespeare, fils de paysan, est un gantier et marchand d'articles de maroquinerie, négociant de peaux et de laine prospère, tirant également profit de la spéculation foncière, propriétaire de la maison aujourd'hui dénommée the Birthplace. C'est un notable de la ville de Stratford : en 1568, il y est élu conseiller municipal, puis grand bailli (ou maire) en 1568. En 1557, il épouse Mary Arden, fille de l'aristocrate Robert Arden of Wilmcote, et le nouveau couple emménage dans une maison située sur Henley Street. La réussite de John Shakespeare le pousse à solliciter des armoiries, que William lui fait obtenir en 1596, avec la devise Non sanz droict (Pas sans droit). On suppose que le père du dramaturge est resté dans la foi catholique.
Le milieu confortable dans lequel naît Shakespeare le conduit vraisemblablement à fréquenter, après le niveau élémentaire, l’école secondaire « King Edward VI » au centre de Stratford, où l’enseignement comprend un apprentissage intensif de la langue et la littérature latine, ainsi que de l’histoire, de la logique et de la rhétorique. Selon son contemporain et rival, Ben Jonson, {{citation}}. En 1577, le jeune garçon est retiré de l'école, vraisemblablement pour gagner sa vie ou pour aider son père qui est dans une mauvaise passe.
Le {{date}}, à Temple Grafton près de Stratford, Shakespeare, qui a alors 18 ans, épouse Anne Hathaway, fille d'un fermier de Shottery, de sept ou huit ans son aînée. Deux voisins de la mariée, Fulk Sandalls et John Richardson, publient les bans du mariage, pour signifier que l’union ne rencontre pas d’opposition. Il est vraisemblable que la cérémonie a été organisée en hâte, Anne étant probablement déjà enceinte, puisqu'elle donne naissance l'année suivante à leur première fille, Susanna, baptisée le 26 mai, soit moins de six mois plus tard.
Après son mariage, Shakespeare ne laisse que de rares traces dans les registres historiques. Le {{date}}, près de deux ans après le baptême de Susanna, des jumeaux, Hamnet et Judith, sont baptisés avec les prénoms de Hamnet Sadler, jeune boulanger de Stratford, et de sa femme Judith. Ceux-ci donneront en 1598 le prénom de William à l'un de leurs quatorze enfants, montrant que le lien de Shakespeare avec Stratford n'est pas rompu pendant ces années. Hamnet Sadler sera en 1616 un des témoins du testament de Shakespeare, dans lequel il sera cité.
Hamnet, l'unique fils de William, meurt à 11 ans et est inhumé le {{date}}. Beaucoup suggèrent que ce décès inspire au dramaturge sa tragédie Hamlet{{,}}{{,}} vers 1601.
La suite des années 1580 est connue comme l’époque des « années perdues » de la vie du dramaturge : entre 1585 et 1592, nous n’avons aucune trace de lui, et nous ne pouvons expliquer pourquoi il quitte Stratford pour Londres. Une légende, aujourd’hui tombée en discrédit, raconte qu’il avait été pris en train de braconner dans le parc de Sir Thomas Lucy, un juge de paix local, et qu'il s’était enfui pour échapper aux poursuites. Une autre théorie suggère qu’il aurait rejoint la troupe du Lord Chambellan, alors que les comédiens faisaient de Stratford une étape de leur tournée. Le biographe du {{s-}}, John Aubrey, rapporte le témoignage d’un comédien de la troupe de Shakespeare, racontant qu’il aurait passé quelques années en tant qu’instituteur dans le comté du Lancashire, recruté par Alexander Hoghton, propriétaire terrien catholique, reprenant une thèse selon laquelle Shakespeare aurait été de confession catholique{{,}}. Sans plus de preuves historiques, d'autres légendes rapportent qu'il aurait été apprenti-boucher, homme de loi, médecin, soldat ou marin, en fonction uniquement des connaissances révélées dans ses œuvres.
On perd la trace de Shakespeare en 1585 : il quitte Stratford, il quitte sa femme, pour une « traversée du désert ». Une légende, aujourd'hui discréditée, veut qu'il réapparaisse à Londres en 1587 comme valet d'écurie, gardant les chevaux devant un théâtre{{,}}. La seule preuve indiscutable de sa présence à Londres dans le milieu théâtral est, en 1592, la violente attaque de la part de Robert Greene, qui vient de mourir. Dans une lettre posthume ajoutée à son ouvrage intitulé {{lang}} et publié par Henry Chettle, Greene s'en prend à plusieurs dramaturges. Il accuse Marlowe de blasphème, et désigne Shakespeare comme un {{citation}}. Greene, dans son pamphlet, fait ici allusion à Henri VI, {{3e}} partie, en reprenant le vers : {{citation}}. On ne sait si Greene était jaloux de la réussite théâtrale de Shakespeare qu'il considérait comme un illettré, ou s'il avait été victime d'un plagiat de la part du jeune auteur. À l'époque, Shakespeare n'avait pourtant produit qu'une seule œuvre véritable, Henri VI, écrite en 1591. Il n'avait fait auparavant qu'adapter des pièces du répertoire existant, et exercer le métier d'acteur, activités dont il n'était pas très fier ainsi qu'il l'écrit au début de son sonnet 111 (vers 1 à 4) :
{{Col-début}} {{Col-x}} {{vers}} {{Col-x}} {{vers}} {{col-fin}} La reconstitution du théâtre du Globe à Londres En 1594, Shakespeare est engagé en tant qu'acteur et dramaturge au Theatre dans la troupe de James Burbage, appelée alors la troupe de Lord Chamberlain, pour laquelle il va écrire exclusivement. La troupe tire son nom, comme le voulait l’époque, du mécène qui la soutient (en l'occurrence le Lord Chambellan, ministre responsable des divertissements royaux ; ce titre a longtemps désigné la fonction de principal censeur de la scène artistique britannique).
The Theatre est le premier véritable théâtre de Londres. Il a été bâti en 1576 à Shoreditch, au-delà des murs nord de la Cité. En 1598, quatre ans après l'arrivée de Shakespeare, un désaccord entre le propriétaire du terrain, sur lequel s'élève le théâtre, et le propriétaire des murs et chef de la troupe, James Burbage, apparaît au moment du renouvellement du bail de location du terrain. Aucune solution ne peut être trouvée, le propriétaire foncier revendiquant la propriété totale du bâtiment. Cet épisode semble avoir marqué Shakespeare, car on en trouve une mention dans Les Joyeuses Commères de Windsor, acte II, scène 2, dans la bouche de Ford : « Mon amour ressemblait à une belle maison bâtie sur le terrain d'un autre. Ainsi, pour m'être trompé de place, j'ai perdu mon édifice. ». Les fils Burbage opèrent par la ruse : le bâtiment en bois est démonté clandestinement, les matériaux sont transportés de l'autre côté de la Tamise à Southwark. Une nouvelle salle de spectacle, baptisée Théâtre du Globe, est construite avec les restes de l'ancien théâtre. En attendant que tout soit opérationnel, la troupe joue au Théâtre de la Courtine, qui a été construit en 1577 à Shoreditch, près de l'ancien The Theatre. L’emménagement dans une nouvelle salle et la mort de James Burbage donnent l'occasion de remanier profondément l'organisation de la troupe. À la place d'un chef unique, un directoire d'actionnaires est mis en place. Selon la somme versée par chacun dans l'entreprise, les fils de James Burbage, Cuthbert et Richard Burbage, disposent chacun d'une part double, Shakespeare et les principaux acteurs, John Heminges, Augustine Phillips et Thomas Pope, détiennent chacun une part simple. Par contre, le Lord Chambellan reste le patron de la troupe jusqu'en 1603, année de l'accession au trône de Jacques {{Ier}}, qui devient leur nouveau patron. À cette occasion, la troupe prend le nom des King's Men, la « troupe du roi ».
Shakespeare joue non seulement lui-même dans ses propres œuvres – on sait par exemple qu'il interprète le spectre du père dans Hamlet et Adam dans Comme il vous plaira –, mais il apparaît également en tête d'affiche de pièces de Ben Jonson : en 1598 dans Chaque homme dans son caractère (Every Man In His Humour) et en 1603 dans Sejanus. La compagnie devient très populaire : après la mort d’Élisabeth {{Ire}} et le couronnement du roi Jacques {{Ier}} (en 1603), le nouveau monarque adopte la troupe, et elle finit par devenir résidente du théâtre du Globe. La troupe de Shakespeare officie dans le plus beau théâtre et est réputée être la meilleure compagnie de Londres, qui fourmille d'entreprises de théâtre à cette époque. Elle rivalise brillamment avec la troupe de l'Amiral, dont Edward Alleyn est la grande vedette, et ouvre en 1608 un second théâtre, le Blackfriars. La vie de Shakespeare épouse alors étroitement la courbe de ses activités dramatiques. La statue de Shakespeare à Leicester Square
En 1604, Shakespeare joue un rôle d’entremetteur pour le mariage de {{Référence nécessaire}}. Des documents judiciaires de 1612, date où l’affaire est portée au tribunal, montrent qu’en 1604, Shakespeare est locataire chez un artisan huguenot qui fabrique des diadèmes dans le nord-ouest de Londres, Christopher Mountjoy (Montjoie). L’apprenti de Montjoie, Stephen Belott désirait épouser la fille de son patron ; Shakespeare devient donc l’entremetteur attitré, pour aider à négocier les détails de la dot. Sur ses propres promesses, le mariage a lieu. Mais huit ans plus tard, Belott poursuit son beau-père pour n’avoir versé qu’une partie de la dot. Shakespeare est appelé à témoigner, mais ne se souvient que très vaguement de l’affaire.
Plus tard, divers documents provenant des tribunaux ou des registres commerciaux montrent que Shakespeare est devenu suffisamment riche pour acheter une propriété dans le quartier londonien de Blackfriars (rive nord de la Tamise). Alors qu'il vit à Londres, il ne perd jamais le contact avec Stratford. En 1597, il y achète une belle maison, {{lang}}. Là il installe sa famille, constitue des réserves de grain. Il achète aussi d'autres biens dans sa ville natale.
Vers 1611, Shakespeare décide de prendre sa retraite. Celle-ci s’avéra pour le moins agitée : il fut impliqué dans des démêlés judiciaires à propos de terrains qu’il possédait. À l’époque, les terrains clôturés permettaient le pâturage des moutons, mais privaient du même coup les pauvres de précieuses ressources. Pour beaucoup, la position très floue que Shakespeare adopta au cours de l’affaire est décevante, parce qu’elle visait à protéger ses propres intérêts au mépris des nécessiteux.
Pendant les dernières semaines de sa vie, le gendre pressenti de sa fille Judith – Thomas Quiney, un aubergiste – fut convoqué par le tribunal paroissial pour « fornication ». Une femme du nom de Margaret Wheeler qui venait d'accoucher prétendait que l’enfant était de l’aubergiste ; mais la mère et l’enfant moururent peu après ce sombre épisode. Quiney fut déshonoré, et Shakespeare corrigea son testament afin de préserver les intérêts de Judith{{refsou}}.
Shakespeare mourut le {{date}}, à l’âge de 52 ans. Le 23 avril 1616 est aussi la date de la mort de Cervantes, mais l'Espagne étant déjà passée au calendrier grégorien, les deux hommes sont en fait morts avec dix jours de décalage. Shakespeare était resté marié à Anne jusqu’à sa mort et ses deux filles lui survécurent. Susanna épousa le docteur John Hall, et même si les deux filles de Shakespeare eurent elles-mêmes des enfants, aucun d’eux n’eut de descendants. Il n’y a donc pas de descendant direct du poète.
Shakespeare est enterré dans l’église de la Sainte-Trinité à Stratford-upon-Avon. Il reçut le droit d’être enterré dans le chœur de l’église, non en raison de sa réputation de dramaturge, mais parce qu’il était devenu sociétaire de l’église en payant la dîme de la paroisse ({{unité}}, une somme importante). Un buste commandé par sa famille le représente, écrivant, sur le mur adjacent à sa tombe. Chaque année, à la date présumée de son anniversaire, on place une nouvelle plume d’oie dans la main droite du poète. Une signature de Shakespeare À l’époque, il était courant de libérer de la place dans les tombeaux paroissiaux en les déplaçant dans un autre cimetière. Par crainte que sa dépouille ne soit enlevée du tombeau, on pense qu’il a composé cette épitaphe pour sa pierre tombale : {{citation bloc}}
La légende populaire veut que des œuvres inédites reposent dans la tombe de Shakespeare, mais personne n’a jamais vérifié, par peur sans doute de la malédiction évoquée dans l’épitaphe.
Portrait {{Citation}} présenté par le président du Shakespeare Birthplace Trust comme étant Shakespeare Le seul portrait reconnu de Shakespeare est une gravure publiée en frontispice d'un recueil d’œuvres. L'ouvrage a été imprimé en 1622, soit six ans après la mort de l'écrivain. Il existe également un buste funéraire dans l'église de la Sainte-Trinité de Stratford-upon-Avon.
En mars 2009, le professeur Stanley Wells, président du Shakespeare Birthplace Trust, dévoile un portrait qu'il présente comme étant le seul portrait connu de Shakespeare réalisé de son vivant. Ce tableau est connu sous le nom de « portrait Cobbe » du nom de la famille qui en était originellement propriétaire. Son identification à Shakespeare est loin de faire l'unanimité.