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Cadet de son frère Jean, Gérard naît à Cannes (Alpes-Maritimes), dans une famille aisée de Marcel Philip (1893-1973) et de Marie Elisa Villette (1894-1970), dite « Minou », fille d'un pâtissier beauceron établi à Chartres et d'une émigrée tchèque directement venue de Prague.
Son père, riche hôtelier (propriétaire de divers établissements jusqu'à Paris) et avocat dans un cabinet de contentieux juridique cannois, appartenait en 1936 à la ligue nationaliste des Croix-de-Feu, puis s'enthousiasma pour Jacques Doriot et son rêve de national-socialisme à la française, adhéra au Parti populaire français (PPF) et devint secrétaire de la fédération de Cannes. Propriétaire gérant le Parc palace hôtel à Grasse, il y abrita l'état-major mussolinien en 1940 puis l'état-major nazi en 1942, mettant en danger sa famille. Ses fils se rendaient au collège sous la protection de gardes du corps.
Gérard suit toute sa scolarité au lycée de l'Institut Stanislas de Cannes tenu par les marianistes où il est bon élève. Il y obtient, au début de la guerre, son baccalauréat. Inscrit à la faculté de droit à Nice en 1942, son père le destine à une carrière de juriste, mais, rencontrant de nombreux artistes réfugiés sur la Côte d'Azur, alors en zone libre depuis 1939, il décide de devenir comédien. Sa mère le soutient dans ce choix.
En 1941, Marc Allégret, réfugié sur la Côte d’Azur, se laisse entraîner chez madame Philip qui pratique des séances de voyance et de spiritisme au Parc Hôtel Palace à Grasse, propriété de son mari. Sachant que son fils veut faire du théâtre, « Minou » persuade Allégret de l'auditionner. Au terme de cet essai, le cinéaste lui conseille de s’inscrire au Centre des jeunes du cinéma à Nice puis l’envoie prendre les cours d’art dramatique de Jean Wall et Jean Huet à Cannes. Le comédien Claude Dauphin le fait jouer au théâtre à partir de 1942 avec Une grande fille toute simple d’André Roussin au casino de Nice.
En 1942, Marc Allégret l'engage pour une silhouette dans le film La Boîte aux rêves, réalisé par son frère Yves. En novembre de la même année, la zone libre est occupée par l’armée allemande.
En 1943, la famille Philip s’installe rue de Paradis, dans le {{10e}} arrondissement de Paris. Gérard s’inscrit au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, suit les cours de Denis d'Inès puis de Georges Le Roy et obtient le second prix de comédie.
En 1943, Gérard Philipe obtient son premier succès et la célébrité à l’âge de vingt ans, en pleine Seconde Guerre mondiale, dans le rôle de l’ange du Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux.
Membre des FFI, il participe à la Libération de Paris en 1944, alors que son père est un collaborateur notoire. Il contribue notamment à la libération de l'Hôtel de Ville de Paris, en août 1944, en compagnie de trente personnes sous les ordres de Roger Stéphane.
Pour se démarquer de son père, et sur les conseils de « Minou », Gérard ajoute un « e » à son nom pour obtenir treize lettres avec son nom et son prénom, chiffre porte-bonheur. À la Libération, il aidera cependant son père à passer en Espagne où Marcel devint professeur de français à Barcelone, ce dernier s'étant exilé après avoir été condamné à mort par contumace le 24 décembre 1945 pour intelligence avec l'ennemi et appartenance à un groupe antinational.
En 1942, il rencontre Nicole Navaux, une ethnologue épouse du diplomate François Fourcade. Ils se lient en 1946, se marient le {{Date}} à la mairie de Neuilly-sur-Seine après le divorce de Nicole. Il demande à son épouse de reprendre son premier prénom, Anne, qu'il trouve plus poétique. Ils ont deux enfants : Anne-Marie Philipe, née le {{Date}}, devenue écrivain et comédienne elle aussi, et Olivier Philip, né {{date}}. Installés boulevard Inkerman à Neuilly, puis rue de Tournon à Paris en 1956, Anne et Gérard avec leurs enfants passent leurs vacances d’été à Ramatuelle, en Provence, dans une propriété de la famille d'Anne.
Don Rodrigue]].
La notoriété de Gérard Philipe au théâtre et en tournée grandit encore grâce à la création de Caligula d’Albert Camus en 1945. Le film Le Diable au corps de Claude Autant-Lara en 1947, où il est le partenaire de Micheline Presle, lui apporte la gloire au cinéma.
Anne et Gérard Philipe deviennent tous deux compagnons de route du Parti communiste français. Acteur engagé, il est l'un des premiers à signer l'appel de Stockholm, en 1950, contre l’armement nucléaire en pleine guerre froide. Président du Syndicat français des artistes-interprètes (SFA) à partir de 1958, il se révèle un grand responsable syndical pour les métiers artistiques du cinéma et du théâtre. Toutefois, durant ces mêmes périodes, ces engagements ne l’empêchent pas de visiter très régulièrement Paul Marion, l’ancien ministre de l’Information de Vichy, à la prison centrale de Clairvaux où ce dernier purge sa peine.
En 1951, Jean Vilar qui vient de prendre la direction du Théâtre national populaire l'invite à intégrer sa troupe et à jouer Le Prince de Hombourg de Kleist et Le Cid de Pierre Corneille, ce qu'il accepte avec enthousiasme. Gérard assure ainsi un immense succès populaire au répertoire classique, à Paris, en tournée, au Festival d'Avignon. Il met lui-même en scène plusieurs pièces de Musset et d'auteurs contemporains comme Henri Pichette et Jean Vauthier. De cette troupe composée de comédiens prestigieux, Philippe Noiret, Jeanne Moreau, Daniel Sorano entre autres, il dit : {{citation}}.
Gérard Philipe ne délaisse pas le cinéma pour autant et joue en 1952 le Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque avec Gina Lollobrigida, qui lui vaut de devenir une « idole des jeunes » à travers le monde. Sa jeunesse, sa beauté et son charisme dans les films d'Yves Allégret, Christian-Jaque, Marcel Carné, Claude Autant-Lara, René Clair, René Clément, Luis Buñuel ou Roger Vadim lui valent une renommée internationale. Tombe de Gérard et Anne Philipe à Ramatuelle
Le {{date}}, en pleine gloire et à l’apogée de sa popularité, alors qu'il vient de finir le tournage du film La fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel au Mexique, il est emporté par un cancer du foie foudroyant à Paris, quelques jours avant son {{nobr}}, plongeant dans la tristesse ses nombreux admirateurs. Conformément à ses dernières volontés, il est enterré, vêtu du costume de Don Rodrigue (Le Cid), dans le petit cimetière de Ramatuelle.
Plaque de rue de la rue Gérard-Philipe à Paris près du Bois de Boulogne.
Le nom de Gérard Philipe a été donné à de très nombreuses rues (à Paris, Béziers, Torcy, etc.), plusieurs théâtres dont le théâtre populaire d'Aubervilliers, le Centre dramatique national de Saint-Denis, les théâtres municipaux d’Orléans, Montpellier, Meaux, Calais, Champigny-sur-Marne, Saint-Cyr-l’École, Liège, Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Nazaire, etc., des maisons de la culture, ainsi qu'à de nombreux établissements d'enseignement.
Un timbre postal d’une valeur de {{unité}}, le représentant dans le rôle du Cid, est émis le 12 juin 1961 avec une oblitération premier jour le 10 à Cannes.
Dans les années qui suivent le décès de son mari, Anne Philipe publie deux biographies intitulées Souvenirs (1960) et Le Temps d’un soupir (1964). {{clr}}